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Channel: Grèce – Je pleure sans raison que je pourrais vous dire
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Le fado des étrangers. 4, La Grèce (4)

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Les Athéniens, comme on le sait, ont leur propre forme de chanson urbaine, le rebetiko (ρεμπέτικο), d’apparition plus récente que le fado d’environ un siècle, mais né comme lui dans des quartiers pauvres de villes portuaires.

Bouzouki à 3 cordes doubles. Origine : Wikipedia

Autre analogie avec le fado : le rebetiko s’accompagne du bouzouki (μπουζούκι), un instrument de la famille des cistres comme l’est la guitare portugaise. Seulement son manche est plus long, il comporte moins de cordes et il se joue avec un plectre, ce qui lui donne un son assez différent.

Je ne suis pas compétent quant au rebetiko, n’en ayant qu’une connaissance superficielle et extrêmement lacunaire. Il me semble que la sonorité du bouzouki, plus sèche que celle de la guitare portugaise, influe sur le style du chant, très orné comme l’est le fado, mais faisant peu ou pas usage du rubato, cette élasticité expressive de la ligne vocale par rapport au rythme, typique du fado. Ou bien, plus simplement, c’est l’origine orientale du rebetiko — qui est né au sein des populations grecques d’Istanbul et de Smyrne — qui explique cette différence.

Cette chanson, Synnefiasméni Kyriakí (Συννεφιασμένη Κυριακή), en français Dimanche nuageux, est connue de tous les Grecs, par cœur. Écrite et composée en 1943 par Vassílis Tsitsánis (Βασίλης Τσιτσάνης) (1915-1984), ses paroles évoquent l’entrée des troupes allemandes d’occupation dans Athènes, le dimanche 27 avril 1941.

Συννεφιασμένη Κυριακή, μοιάζεις με την καρδιά μου
που έχει πάντα συννεφιά, συννεφιά
Χριστέ και Πα-, Χριστέ και Παναγιά μου

Είσαι μια μέρα σαν κι αυτή που ’χασα την χαρά μου
Συννεφιασμένη Κυριακή, Κυριακή
ματώνεις την, ματώνεις την καρδιά μου

Όταν σε βλέπω βροχερή, στιγμή δεν ησυχάζω
Μαύρη μου κάνεις τη ζωή, τη ζωή
και βαριανα-, και βαριαναστενάζω

—————————
Dimanche nuageux
Tu ressembles à mon cœur
Toujours assombri
Ô Christ et Sainte Mère !

Tu es comme ce jour
Où j’ai perdu ma joie
Dimanche nuageux
Tu fais saigner mon cœur

De te voir pluvieux
Ne me donnes de repos
Tu me fais la vie noire
Et je soupire

Synnefiasméni Kyriakí / Sotiría Béllou, chant ; Vassílis Tsitsánis, paroles et musique.
Traduction française : Tous aux Balkans.

Sotiría Béllou (Σωτηρία Μπέλλου)L’enregistrement date probablement de 1971. La chanteuse, l’extraordinaire Sotiría Béllou (Σωτηρία Μπέλλου) (1921-1997) à la voix si puissante et agile, est l’une des vedettes du genre. En réalité, c’est pour en arriver à elle que j’ai entrepris cette série un peu longue sur la Grèce. À en croire le peu de renseignements qu’on trouve sur elle, outre qu’elle était une très grande chanteuse, elle était connue pour son engagement dans la résistance contre l’occupant allemand, sa forte personnalité, de même que son penchant pour l’alcool et le jeu (cf. l’article de Wikipedia).

La voici à nouveau, interprétant une chanson de Mános Hadjidakis (Μάνος Χατζιδάκις) (1925-1994) dans un enregistrement des années 1970, interrompue assez abruptement juste avant la fin :

Eímai aitós horís fterá (Είμαι αϊτός χωρίς φτερά) / Mános Hadjidakis (Μάνος Χατζιδάκις), musique ; Eftihía Papagiannopoulou (Ευτυχία Παπαγιαννοπούλου), paroles.

Et une autre fois, plus récemment (1976), pour un duo avec Dionísis Savvópoulos (Διονύσης Σαββόπουλος), un chanteur de rock, ou de chanson contemporaine disons :

M’aeroplana kai batória (Μ’ αεροπλάνα και βαπόρια) / paroles et musique Dionísis Sabbópoulos (Διονύσης Σαββόπουλος).

Physique étonnant, la première fois que je l’aie vue j’ai cru que c’était un homme.

L. & L.

————————————————————————————————————

Voir les articles sur le rebetiko et le bouzouki dans Wikipedia

Rembetika 4. Vassilis Tsitsanis

Synnefiasméni Kyriakí figure sur Rembetika 4. Vassilis Tsitsanis, the postwar years 1946-1954, un coffret de 4 CD (Londres : JSP records, 2009. JSP 77123) disponible sur Amazon ou à la Fnac.

Si on recherche des enregistrements de musique grecque, le mieux est de visiter les sites des disquaires grecs, par exemple Nikos Xilouris à Athènes (je n’ai pas essayé).

Voir aussi : Le fado des étrangers. 4, La Grèce (3)


Publié dans Grèce, Le fado des étrangers Tagged: bouzouki, Eímai aitós horís fterá, Grèce, ρεμπέτικο, Βασίλης Τσιτσάνης, Είμαι αϊτός χωρίς φτερά, Μ' αεροπλάνα και βαπόρια, Μάνος Χατζιδάκις, Συννεφιασμένη Κυριακή, Σωτηρία Μπέλλου, μπουζούκι, M'aeroplana kai batória, Manos Hadjidakis, Mános Hatzidákis, rebetiko, Sotiría Béllou, Synnefiasméni Kyriakí, Vassílis Tsitsánis

Néna Venetsánou — Proinó tsigáro

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Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou]

Honneur à la Grèce. Si elle n’avait pas existé, si elle n’existait pas, que serions-nous ? De toutes façons il y a longtemps que je voulais faire entrer Néna Venetsánou ici. Une voix splendide. J’ai assisté il y a quelques années à un concert qu’elle donnait à Aigues-Mortes, c’était en juillet je crois, en plein air : une de ces soirées dont on se souvient, prolongée jusqu’à la nuit close.

Elle parle parfaitement le français, elle a fait une partie de ses études universitaires ici. Elle y a travaillé le chant auprès de la grande cantatrice Irma Kolassi — sa compatriote, mais la nôtre aussi puisqu’elle s’est établie en France il y a bien longtemps (née en 1918, elle est toujours en vie apparemment, je viens de le vérifier sur le catalogue général de la BnF).

La chanson s’appelle Πρωινό τσιγάρο [Proinó tsigáro], en français Cigarette matinale.

Νένα Βενετσιάνου

Πρωινό τσιγάρο [Proinó tsigáro] / Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou], chant ; Νότης Μαυρουδής [Nótis Mavroudís], musique, guitare ; Άλκης Αλκαίος [Àlkis Alkaíos], paroles.

Χαράζει η μέρα και η πόλη έχει ρεπό,
στη γειτονιά μας καπνίζει ένα φουγάρο,
κι εγώ σε ζητάω σαν πρωινό τσιγάρο
και σαν καφέ πικρό, και σαν καφέ πικρό.

Άδειοι οι δρόμοι, δεν φάνηκε ψυχή,
και το φεγγάρι μόλις χάθηκε στη δύση,
κι εγώ σε γυρεύω σα μοιραία λύση
και σαν ανατολή, και σαν ανατολή.

Βγήκε ο ήλιος, το ράδιο διαπασών,
μ’ ένα χασάπικο που κλαίει για κάποιον Τάσο,
κι εγώ σε ποντάρω κι ύστερα πάω πάσο
σ’ ένα καρέ τυφλών, σ’ ένα καρέ τυφλών.

Πρωινό τσιγάρο [Proinó tsigáro] / Νότης Μαυρουδής [Nótis Mavroudís], musique ; Άλκης Αλκαίος [Àlkis Alkaíos], paroles.

Le jour se lève et la ville est en congé
Dans notre quartier, une cheminée fume
Et moi je te réclame comme une cigarette matinale
Et comme un café amer, et comme un café amer

Les rues sont vides, pas une âme
Et la lune vient de disparaître à l’Ouest
Et moi je te cherche comme une solution fatidique
Et comme l’aube, et comme l’aube

Le soleil s’est levé, la radio à plein volume
Beugle un « hasapiko » qui pleure pour un certain Tasos
Et moi je te mets en jeu et puis je passe
Dans une partie d’aveugles, dans une partie d’aveugles

Traduction d’après le site http://www.stixoi.info. Révision : 23 juin 2011 grâce à l’aide de « Der Wanderer »

La traduction m’a l’air un peu bancale, notamment dans la dernière strophe. Ce n’est pas que j’aie la moindre compétence en grec moderne, c’est juste que je trouve au texte français une drôle de tournure. Je l’ai un peu retapé en m’aidant des traductions italienne et anglaise que fournit aussi le site.

L. & L.


Classé dans:Adorable, Grèce Tagged: Irma Kolassi, Νότης Μαυρουδής, Νένα Βενετσάνου, Πρωινό τσιγάρο, Néna Venetsánou, Nótis Mavroudís, Proinó tsigáro

Grèce, l’amère patrie

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Αντίσταση = Résistance. Athènes, 12 mai 2010
Αντίσταση = Résistance. Athènes, 12 mai 2010. Photo Penelopaki, dans Flickr.

Του βράχου λιγοστό νερό
απ’ τη σιωπή αγιασμένο
απ’ το καρτέρι του πουλιού
τη σκιά της πικροδάφνης
Κρυφά το πίνει η κλεφτουριά
και το λαιμό σηκώνει
σαν το σπουργίτι και βλογά
τη φτωχομάνα Ελλάδα
Γιάννης Ρίτσος (1909-1990). Το νερό (Δεκαοκτώ λιανοτράγουδα της πικρής Πατρίδας, 1968-1970).
———
Un peu d’eau sur le rocher
Un peu d’eau purifiée par le silence
Par le guet de l’oiseau
Par l’ombre du laurier
Les partisans la boivent en secret
Comme l’oiseau ils relèvent la tête
Et bénissent leur mère misérable, la Grèce
Giánnīs Rítsos (1909-1990). L’eau. Extrait de : Dix-huit petites chansons pour la patrie amère (1968-1970). Cette traduction : Varvara Drettas et Mario Bois, dans Chansons de la patrie amère (disque 33 tours). Pathé Marconi, 1973. C066-94668.

Les Dix-huit petites chansons pour la patrie amère ont été écrits entre 1968 et 1970 à la demande de Mikis Thodorakis (Μίκης Θεοδωράκης), la Grèce étant alors sous le joug des colonels. Un enregistrement en a été réalisé, avec Maria Farantouri (Μαρία Φαραντούρη) et trois autres chanteurs (Chansons de la patrie amère, Pathé Marconi, 1973, difficile à trouver aujourd’hui sinon chez les revendeurs de disques vinyle).

Dans ce fragment d’un concert donné en 1974, c’est à dire juste après la chute du régime des colonels, Maria Farantouri chante ce poème de L’eau (Το νερό) retranscrit ci-dessus, précédé de Célébration (Συλλείτουργο). Le son n’est pas très bon.

Κάτω απ’ τις λεύκες συντροφιά
πουλιά και καπετάνιοι
συλλείτουργο αρχινήσανε
με τον καινούργιο Μάη
Τα φύλλα φέγγουνε κεριά
στ’ αλώνι της πατρίδας
κι ένας αητός από ψηλά
διαβάζει το βαγγέλιο
Γιάννης Ρίτσος (1909-1990). Συλλείτουργο (Δεκαοκτώ λιανοτράγουδα της πικρής Πατρίδας, 1968-1970).
——
Sous les peupliers
Les oiseaux et les partisans
Se réunissent au mois de mai
Pour célébrer leur liturgie
Les feuilles brillent comme des cierges
Sur la terre du pays natal
Et dans le ciel, un aigle lit l’évangile
Giánnīs Rítsos (1909-1990). Liturgie (Célébration). Extrait de : Dix-huit petites chansons pour la patrie amère (1968-1970). Cette traduction : Varvara Drettas et Mario Bois, dans Chansons de la patrie amère (disque 33 tours). Pathé Marconi, 1973. C066-94668.

L. & L.


Classé dans:Grèce Tagged: Dix-huit petites chansons pour la patrie amère, Giánnīs Rítsos, Grèce, το νερό, Γιάννης Ρίτσος, Δεκαοκτώ λιανοτράγουδα της πικρής Πατρίδας, Μίκης Θεοδωράκης, Μαρία Φαραντούρη, Συλλείτουργο, Lianotragouda, Liturgie (Célébration), Maria Farandouri, Maria Farantouri, Mikis Theodorakis, Yannis Ritsos

Lecture grecque du dimanche

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Ils se retrouvaient tous les soirs à huit heures. Il montait à Thissío, elle à Monastiràki. Le jeune homme portait un pantalon de velours côtelé, un pull ras du cou, ses cheveux longs librement rejetés en arrière. Dans une main il tenait un paquet de cigarettes, dans l’autre des feuilles dans un classeur. Il prenait la même place, en coin, près de la fenêtre, dans le sens contraire de la marche, l’œil fixé sur les portes coulissantes. Dans quelques minutes, le temps que la rame arrive à Monastiràki, c’est là qu’elle apparaîtrait.

Elle était une femme mûre, jeune d’allure encore, aux cheveux bruns éclaircis par la teinture. Toujours bien peignée, tirée à quatre épingles. Le plus souvent elle portait un petit tailleur vert sombre, assorti à ses yeux. Rarement, par grand froid, elle montait alourdie par un pardessus gris, long et sans grâce, passé de mode, genre capote militaire. Ce vêtement, contrairement aux autres, la vieillissait. Quand elle ne trouvait pas de place tout de suite, elle restait debout patiemment jusqu’à Omònia.

Μένης Κουμανταρέας = Mènis Koumandarèas (1931-….). Η Κυρία Κούλα = La femme du métro (1978) / traduit du grec par Michel Volkovitch.

De deux choses l’une : ou bien tu complètes toi-même, ou bien tu te procures ce livre, qui est court et cinglant.

Quel parti prendre ?

L. & L.

Μένης Κουμανταρέας = Mènis Koumandarèas (1931-….). Η Κυρία Κούλα = La femme du métro. Quidam Éditeur, 2010.Κουμανταρέας, Μένης = Koumandarèas, Mènis (1931-….)
Η Κυρία Κούλα (1978). Français

La femme du métro / Mènis Koumandarèas ; traduit du grec et postfacé par Michel Volkovitch. — Quidam Éditeur, impr. 2010.
69 pages. — (Made in Europe ; 47).

Traduit de : Η Κυρία Κούλα.
ISBN 978-2-915018-46-2


Classé dans:Grèce Tagged: Η Κυρία Κούλα, Μένης Κουμανταρέας, La femme du métro, Mènis Koumandarèas

Κωνσταντίνος Καβάφης —Μέρες του 1903

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Autres yeux incomparables, ceux-ci égyptiens probablement. Perdus eux aussi, il y a plus d’un siècle de cela.

Jours de 1903
Je ne les ai plus retrouvés — eux que j’aurai si vite perdus…
les yeux pleins de poésie, la pâleur du visage
dans la nuit qui gagnait la rue…

Je ne les ai plus retrouvés — eux que le hasard seul m’a donnés,
et dont je me suis si facilement détaché
pour les désirer ensuite avec angoisse.
Les yeux pleins de poésie, cette pâleur du visage,
ces lèvres-là, je ne les ai plus retrouvées.
Kōnstantínos P. Kaváfīs (1863-1933). Jours de 1903 (1917). Traduction Dominique Grandmont.

Μέρες του 1903
Δεν τα ηύρα πιά ξανά – τα τόσο γρήγορα χαμένα…
τα ποιητικά τα μάτια, το χλωμό
το πρόσωπο… στο νύχτωμα του δρόμου…

Δεν τα ηύρα πιά – τ’ αποκτηθέντα κατά τύχην όλως,
που έτσι εύκολα παραίτησα
και που κατόπιν με αγωνίαν ήθελα.
Τα ποιητικά τα μάτια, το χλωμό το πρόσωπο,
τα χείλη εκείνα δεν τα ηύρα πιά.
Κωνσταντίνος Π. Καβάφης (1863-1933). Μέρες του 1903 (1917). Source : Ιθάκη = Ithaka : A Tribute to Constantine P. Cavafy

Ne pas pouvoir entendre, ayant pourtant le poème sous les yeux, la sonorité et le rythme de la langue grecque faute de pouvoir la lire et la comprendre (c’est mon cas) : c’est aussi une perte. Par bonheur Jours de 1903 a été mis en musique par Mános Hadjidákis (Μάνος Χατζιδάκις), au sein du cycle O Μεγάλος Ερωτικός [O Megálos Erōtikós], connu aussi sous le titre Magnus Eroticus (1972) :

Μέρες του 1903 [Méres tou 1903] / Δημήτρης Ψαριανός [Dimítris Psarianós], chant ; Κωνσταντίνος Π. Καβάφης [Kōnstantínos P. Kaváfīs], poème ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis], musique.

L. & L.

Jours de 1903, dans la traduction de Dominique Grandmont est disponible dans :

En Attendant Les Barbares / Constantin CavafisKaváfīs, Kōnstantínos P. (1863-1933)
En attendant les barbares et autres poèmes (Gallimard ; 2003)

En attendant les barbares : et autres poèmes / Constantin Cavafis ; préface, traduction et notes de Dominique Grandmont. – [Paris] : Gallimard, 2003. — 323 p. : couv. ill. ; 18 cm.
(Collection Poésie ; 386)

ISBN 2-07-030305-5


Classé dans:Grèce, Poésie Tagged: Constantin Cavafis, Constantin Cavafy, Dimítris Psarianós, Δημήτρης Ψαριανός, Κωνσταντίνος Π. Καβάφης, Μάνος Χατζιδάκις, Μέρες του 1903, Jours de 1903, Magnus Eroticus, Manos Hadjidakis, O Μεγάλος Ερωτικός

Φλέρυ Νταντωνάκη [Fleury Dandonáki], voix grecque

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Φλέρυ Νταντωνάκη [Fleury Dandonáki]
Φλέρυ Νταντωνάκη [Fleury Dandonáki] (1937-1998)

Il y a encore une semaine je ne connaissais rien d’elle, jusqu’à son existence. Ce n’est pas que je la connaisse aujourd’hui, mais il y a du moins de quoi commencer à susciter l’intérêt. Il suffit de l’entendre. Il suffisait de l’entendre dans O Μεγάλος Ερωτικός [O Megálos Erōtikós], ce cycle de chants d’amour composé par Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidakis] sur des poèmes de divers auteurs, dont Jours de 1903 de Cavafy.

Φλέρυ Νταντωνάκη (1937-1998) — ce nom est le plus souvent transcrit Fleury Dandonaki –, est une de ces grandes voix féminines que la Grèce semble engendrer par dizaines. On peut consulter sa notice dans Wikipédia à condition de lire le grec, ou comme moi se contenter de la très poétique traduction automatique de ladite notice et de ce billet d’un blog appelé Skip the Greek.

On apprend qu’ayant émigré aux États-Unis le temps d’y conduire des études littéraires, elle y mène également une activité d’actrice, et secondairement de chanteuse. C’est pourtant à l’occasion d’un remplacement dans la comédie musicale Jacques Brel is alive and well and living in Paris de Mort Shuman, en 1970 dans un théâtre de New York, que sa carrière véritable prend son essor. Mános Hadjidakis, assistant à l’une des représentations du spectacle, en est ébloui. Il en fera sa muse.

Elle s’est éteinte à l’âge de 60 ans seulement, d’une mort difficile, folie, cancer, oubli.

Dans cet enregistrement de 1971, on l’entend accompagnée au piano par Mános Hadjidakis dans un arrangement de Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta voudá] (Les montagnes me font écho), un rebétiko de 1947 de Vassílīs Tsitsánīs (texte et traduction ci-dessous ; la 2e strophe n’est pas chantée, le refrain est intercalé entre les 2e et 3e vers de la 3e strophe) :

Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta voudá] / Φλέρυ Νταντωνάκη [Fleury Dandonáki], chant ; Βασίλης Τσιτσάνης [Vassílīs Tsitsánīs], paroles et musique ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidakis], piano. 1971.

Αντιλαλούνε τα βουνά
Αντιλαλούνε τα βουνά,
σαν κλαίω εγώ τα δειλινά
περνούν οι ώρες θλιβερές
σ’ ένα παλιό ρολόι
κι εγώ τους αναστεναγμούς
τους παίζω κομπολόι

Αντιλαλούνε τα βουνά,
σαν κλαίω εγώ τα δειλινά

Εμπάφιασ’ απ’ τα ντέρτια μου
κι απ’ τα πολλά σεκλέτια μου
κουράγιο είχα στη ζωή,
μα τώρα που σε χάνω
θα είναι προτιμότερο για μένα να
πεθάνω

Αντιλαλούνε τα βουνά,
σαν κλαίω εγώ τα δειλινά

Στενάζω απ’ τις λαβωματιές
κι απ’ τις δικές σου μαχαιριές
λαβωματιές με γέμισες
και μ’ έφαγαν οι πόνοι
και στη φωτιά που μ’ έριξες,
τίποτα δε με σώνει
Βασίλης Τσιτσάνης [Vassílīs Tsitsánīs] (1915-1984). Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta voudá] (1947). Source : http://www.stixoi.info.

Les montagnes me font écho
Les montagnes me font écho
Le soir lorsque je pleure
Les heures sombres s’écoulent
Sur une horloge fatiguée
Et j’égrène mes soupirs
Comme sur un chapelet.

Les montagnes me font écho
Le soir lorsque je pleure.

Je n’en peux plus de ma souffrance
Ni de mes tourments infinis
J’avais foi en la vie
Mais puisque je te perds
Il ne me reste
Qu’à mourir.

Les montagnes me font écho
Le soir lorsque je pleure.

Je gémis sous tes blessures
Sous tes coups de poignard
Je ne suis plus que blessure
Éperdue de douleur
Et de cette fournaise où tu m’as jetée
Nul ne peut me sauver.
Βασίλης Τσιτσάνης [Vassílīs Tsitsánīs] (1915-1984). Les montagnes me font écho (1947). Traduction L. & L., à partir de la traduction italienne publiée dans : http://www.stixoi.info et de la traduction anglaise publiée dans : Dalaras Internet Community, l’une et l’autre consultées le 20 novembre 2011.

Par comparaison, écoute l’extraordinaire interprétation faite de ce même rebétiko par la grande Sotiría Béllou (voir Le fado des étrangers. 4, La Grèce (4)), dans un style évidemment beaucoup plus proche de l’original :

Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta voudá] / Σωτηρία Μπέλλου [Sotiría Béllou], chant ; Βασίλης Τσιτσάνης [Vassílīs Tsitsánīs], paroles et musique.

L. & L.


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Φλέρυ Νταντωνάκη [Fleury Dandonáki] —Οδός Ονείρων [Odós oneíron]

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Οδός Ονείρων [Odós oneíron] (Rue des rêves) est extrait du spectacle musical éponyme composé par Mános Hadjidakis en 1962. Quatre années plus tard, fuyant le régime des colonels, il s’exile aux États-Unis où il rencontre Fleury Dandonáki, voir le billet précédent.

L’enregistrement que voici (je n’en ai pas la date) est donc postérieur à 1970.

Οδός Ονείρων [Odós Oneírōn] / Φλέρυ Νταντωνάκη [Fleury Dandonáki], chant ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidakis], paroles et musique.

Οδός Ονείρων
Κάθε κήπος έχει
μια φωλιά για τα πουλιά.
Κάθε δρόμος έχει
μια καρδιά για τα παιδιά.

Μα κυρά μου εσύ,
σαν τι να λες με την αυγή
και κοιτάς τ’ αστέρια
που όλο πέφτουν σαν βροχή.

Δως μου τα μαλλιά σου
να τα κάνω προσευχή,
για να ξαναρχίσω
το τραγούδι απ’ την αρχή.

Κάθε σπίτι κρύβει
λίγη αγάπη στη σιωπή.
Μα ένα αγόρι έχει
την αγάπη για ντροπή.
Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] (1925-1994). Οδός Ονείρων [Odós Oneírōn] (1962). Source : http://www.stixoi.info.

Rue des rêves
Chaque jardin a
Un nid pour les oiseaux.
Chaque rue a
Un cœur pour les enfants

Mais toi ma chérie
Que peux-tu-dire à l’aube
Quand tu regardes les étoiles filantes
Qui tombent inlassablement comme la pluie

Donne-moi tes cheveux
Que j’en fasse une prière
Pour recommencer
Le chant à zéro

Chaque huis cache
Un peu d’amour dans le silence
Mais il y a un garçon
Qui considère l’amour comme une honte.
Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] (1925-1994). Rue des rêves (1962). Source de la traduction : http://www.stixoi.info.

Autre version, également magnifique, par cette autre grande voix grecque, Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou] (quatre chansons pour le prix d’une, la dernière est spelndide) :

Οδός Ονείρων [Odós Oneírōn] / Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou], chant ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidakis], paroles et musique.
Avec en prime : Η μαύρη Φόρντ [Ī mávrī Fórd] ; Οι αδελφές Τατά [Oi adelfés Tatá] / Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidakis], paroles et musique. Πάει έφυγε το τρένο [Páei éfyge to tréno] / Νίκος Γκάτσος [Níkos Gkátsos], paroles ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidakis], musique.

L. &  L.


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Un ange passe

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Elles sont incompréhensibles les annonces dans les aéroports, quelle que soit la langue ; en anglais, en français, en espagnol, on attrape un ou deux mots au passage, c’est tout. L’annonceuse s’est mise à rire. D’abord un spasme, puis un vrai rire. Elle a dû s’interrompre pour récupérer son aptitude d’annonceuse, avant de reprendre calmement, mais la voix encore teintée d’une certaine couleur, son annonce destinée, cela on le comprenait, aux voyageurs à destination de Madrid. Les gens riaient, ceux de Madrid et les autres.

Sur ces entrefaites est apparue derrière le tuyau de la lance à incendie, tu sais ces tuyaux enroulés en une sorte de grosse bobine rouge pompier fixée à une paroi, une femme d’environ 65 ans, le corps tendant à s’écouler vers le bas, épaules, ventre, visage, tout, mais ce visage traversé d’un large sourire qui stoppait la chute des traits. Je me suis remis à rire aussi.

Installé à ma place dans l’avion, la femme est apparue, le même sourire sur le visage, même largeur, même hauteur, même forme exactement.

Elle avait dû sourire à un moment où l’ange passait, étant petite. Ça lui est resté.

Ce matin elle est à Lisbonne elle aussi, souriante.

Όμορφη πόλη [Omorfi póli] / Πέτρος Πανδής [Pétros Pandís], chant ; Γιάννης Θεοδωράκης [Giánnis Theodorákis], paroles ; Μίκης Θεοδωράκης [Míkis Theodorákis], musique. Captation : 2006.

Όμορφη πόλη φωνές μουσικές
απέραντοι δρόμοι κλεμμένες ματιές
ο ήλιος χρυσίζει χέρια σπαρμένα
βουνά και γιαπιά πελάγη απλωμένα

Θα γίνεις δικιά μου πριν έρθει η νύχτα
τα χλωμά τα φώτα πριν ρίξουν δίχτυα
θα γίνεις δικιά μου

Θα γίνεις δικιά μου πριν έρθει η νύχτα
τα χλωμά τα φώτα πριν ρίξουν δίχτυα
θα γίνεις δικιά μου

Η νύχτα έφτασε τα παράθυρα κλείσαν
η νύχτα έπεσε οι δρόμοι χαθήκαν.
Γιάννης Θεοδωράκης [Giánnis Theodorákis]. Όμορφη πόλη [Omorfi póli]. Source : stixoi.info.

Ville de beauté – voix – musiques
rues sans fin – regards volés
le soleil dore les mains qui se séparent
montagnes et échafaudages – la mer étale

Tu seras mienne avant que la nuit n’arrive
avant que les pâles lumières ne jettent leurs filets
Tu seras mienne

Tu seras mienne avant que la nuit n’arrive
avant que les pâles lumières ne jettent leurs filets
Tu seras mienne

La nuit est arrivée – les fenêtres se sont fermées
la nuit est tombée – les rues se sont perdues
Γιάννης Θεοδωράκης [Giánnis Theodorákis]. Ville de beauté. Source : stixoi.info.

L. & L.

Lisbonne, 10 mars 2012 Lisbonne, 10 mars 2012


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Rues anciennes que j’ai aimées et haïes…— Míkis Theodorákis, Margaríta Zorbalá

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Δρόμοι παλιοί [Drómoi palioí] / Μαργαρίτα Ζορμπαλά [Margaríta Zorbalá], chant ; Μανώλης Αναγνωστάκης [Manólis Anagnostákis], paroles ; Μίκης Θεοδωράκης [Míkis Theodorákis], musique. Extrait de : Μπαλάντες = Balades / Μίκης Θεοδωράκης [Míkis Theodorákis]. 1976

Il existe beaucoup de versions de cette chanson très connue de Theodorákis, notamment celles de Maria Farantouri et de Néna Venetsánou. Sa musique avait été auparavant celle du film Serpico, de Sydney Lumet (1973).

Cette version, chantée par Margaríta Zorbalá, est celle de l’enregistrement d’origine (1976) dirigé par le compositeur lui-même. L’album Μπαλάντες (Balades) dont elle est extraite compte neuf chansons sur des poèmes de Manólis Anagnostákis, interprétées par Margaríta Zorbalá et Pétros Pándis.

Δρόμοι παλιοί που αγάπησα και μίσησα ατέλειωτα
κάτω απ’ τους ίσκιους των σπιτιών να περπατώ
νύχτες των γυρισμών αναπότρεπτες κι η πόλη νεκρή

Την ασήμαντη παρουσία μου βρίσκω σε κάθε γωνιά
κάμε να σ’ ανταμώσω κάποτε φάσμα χαμένο του πόθου μου κι εγώ

Ξεχασμένος κι ατίθασος να περπατώ
κρατώντας μια σπίθα τρεμόσβηστη στις υγρές μου παλάμες

Και προχωρούσα μέσα στη νύχτα χωρίς να γνωρίζω κανένα
κι ούτε κανένας κι ούτε κανένας με γνώριζε με γνώριζε
Μανώλης Αναγνωστάκης [Manólis Anagnostákis]. Δρόμοι παλιοί [Drómoi palioí]. Source : stixoi.info.

Rues anciennes
Rues anciennes que j’ai aimées et haïes infiniment,
Marchant à l’ombre de leurs maisons,
Aux nuits inéluctables des retours et la ville, morte.

Je croise à chaque carrefour ma présence insignifiante.
Fais qu’un jour je te rencontre,
Spectre évanoui de mon désir. Et moi,
Oublié et rebelle, qui marche

Avec une étincelle vacillante
Dans mes paumes humides.

Et je marchais dans la nuit
Sans reconnaître personne
Sans personne pour me reconnaître.
Μανώλης Αναγνωστάκης [Manólis Anagnostákis]. Δρόμοι παλιοί [Drómoi palioí]. Traduction : Blanche Molfessis, dans Εικόνες [Eikónes] = Icônes, album de Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou], Artistic Anatoli, 1996.

——

Θεοδωράκης, Μίκης [Theodorákis, Míkis]
Μπαλάντες = Balades (1976)

Míkis Theodorákis. Balades (1976, rééd. 2004)Μπαλάντες = Balades / Πέτρος Πάνδης [Pétros Pándis] & Μαργαρίτα Ζορμπαλά [Margaríta Zorbalá], chant ; Μίκης Θεοδωράκης [Míkis Theodorákis], musique ; Μανώλης Αναγνωστάκης [Manólis Anagnostákis], paroles. — Minos, 1976. Rééd. EMI Greece, 2004.
(Míkis Theodorákis EMI Remasters ; vol. 19)

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Classé dans:Adorable, Grèce Tagged: Drómoi palioí, Δρόμοι παλιοί, Μίκης Θεοδωράκης, Μαργαρίτα Ζορμπαλά, Μανώλης Αναγνωστάκης, Manólis Anagnostákis, Margaríta Zorbalá, Mikis Theodorakis

La force de la Grèce

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Mes disques sont arrivés de Grèce, je suis passé à la poste ce matin pour les chercher. Il y en a trois : les Balades de Theodorákis, qui datent de 1975, parmi lesquelles le superbe Dromoi palioi (« Rues anciennes que j’ai aimées et haïes… ») ; un autre album de Theodorákis constitué de deux recueils de chansons pour voix et piano, respectivement sur des poèmes d’Éluard et de Yánnis Rítsos, toutes chantées par Néna Venetsánou ; et un de Mános Hadjidákis qui a pour titre Στο Σείριο υπάρχουνε παιδιά (« Sur Sirius il y a des enfants »).

J’ai d’abord écouté celui de Néna Venetsánou : les dix chansons sur des poèmes d’Éluard (composées en 1958 à Paris) ressemblent à des mélodies françaises du début du siècle dernier, on les croirait écrites au retour d’un des mercredis de Madame Verdurin où auraient été données les Chansons de Bilitis, de Debussy, et quelque chose de Ravel, Les histoires naturelles mettons.

Leurs yeux toujours purs

Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d’ aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l’horizon des mers,
D’heures toutes semblables, jours de captivité.

Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l’ amour,
L’aurore qu’il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.

Pourtant, j’ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d’argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l’eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n’existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d’étoile et de lumière
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort.
Paul Éluard (1895-1952). Dans : Capitale de la douleur (1926). Source : Wikilivres

Néna Venetsánou est très bien, sa diction française presque sans faille. Il est vrai qu’elle a reçu — ici en France — l’enseignement de sa compatriote la mezzo-soprano Irma Kolassi (Ίρμα Κολάση), francophone et francophile, qui vient de mourir, très âgée.

Irma Kolassi, qui a fait travailler la jeune Maria Callas au conservatoire d’Athènes avant de s’installer définitivement à Paris, chantait la mélodie française à la perfection. Sa discographie est peu abondante, mais son enregistrement du Poème de l’amour et de la mer de Chausson — une des plus belles musiques du monde — fait autorité :

Ernest Chausson (1855-1899). Poème de l’amour et de la mer, op. 19. 3e partie, La mort de l’amour / Írma Kolássi, mezzo-soprano ; London Philharmonic Orchestra ; Louis de Froment, dir. — Enregistrement : 1955.

Le temps des lilas et le temps des roses
Ne reviendra plus à ce printemps-ci;
Le temps des lilas et le temps des roses
Est passé, le temps des œillets aussi.

Le vent a changé, les cieux sont moroses,
Et nous n’irons plus courir, et cueillir
Les lilas en fleur et les belles roses;
Le printemps est triste et ne peut fleurir.
Maurice Bouchor (1855-1929). Les poëmes de l’amour et de la mer (1876). La mort de l’amour. XXXVIII. Extrait.

Écouter ou podcaster Les greniers de la mémoire. Hommage à Irma Kolassi. Entretien réalisé par Karine Le Bail en 1998 (prod. Karine Le Bail, France Musique, 14 avril 2012).
Écouter ou podcaster Horizons chimériques. Souvenirs d’Irma Kolassi (prod. Marc Dumont, France Musique, 2 avril 2012).
Irma Kolassi sur le site de l’émission Les greniers de la mémoire (prod. Karine Le Bail, France Musique).
Irma Kolassi est morte. Qobuz, 2 avril 2012

Βενετσάνου, Νένα [Venetsánou, Néna]
Η Νένα Βενετσάνου τραγουδά Μίκη Θεοδωράκη
[I Néna Venetsánou tragoudá Míki Theodoráki]

Η Νένα Βενετσάνου τραγουδά Μίκη Θεοδωράκη [I Néna Venetsánou tragoudá Míki Theodoráki]Η Νένα Βενετσάνου τραγουδά Μίκη Θεοδωράκη : Τα Eluard ; Επιτάφιος [I Néna Venetsánou tragoudá Míki Theodoráki : Ta Eluard ; Epitáfios] / Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou], chant ; Ελενα Μουζάλα [Elena Mouzála], Σαράντης Κασσάρας [Sarántis Kassáras], piano ; Μίκης Θεοδωράκης [Míkis Theodorákis], musique ; Πωλ Ελυαρ [Paul Éluard], Γιάννης Ρίτσος [Giánnis Rítsos], poèmes. — Grèce : MBI, 2008.

MBI 3301173219. — EAN 5202482732195.


Classé dans:Grèce, Littérature française 20e siècle Tagged: Ernest Chausson, Irma Kolassi, Ίρμα Κολάση, Μίκης Θεοδωράκης, Νένα Βενετσάνου, Mikis Theodorakis, Néna Venetsánou, Paul Eluard, Poéme de l'amour et de la mer

Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou]. Ο αγέρας στους δρόμους [O agéras stous drómous]

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Je pars amère et je te laisse,
planche sans repère dans la mer.
Je ne peux donner mon sang
à une patrie toujours malade.
Μιχάλης Μπουρμπούλης [Michális Bourboulis]. Le vent dans les rues (1980). Source (traduction française) : www.stixoi.info

Est-ce que nous aurons des chants aussi beaux le moment venu ?

La première interprétation de Ο αγέρας στους δρόμους [O agéras stous drómous] était le fait de Σωτηρία Μπέλλου [Sotiría Béllou] en 1980, mais la voix un peu tendue de Néna Venetsánou est toujours belle.

Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou]. Ο αγέρας στους δρόμους [O agéras stous drómous] / Μιχάλης Μπουρμπούλης [Michális Bourboúlis], paroles ; Ηλίας Ανδριόπουλος [Ilías Andriópoulos], musique ; Νένα Βενετσάνου [Néna Venetsánou], chant ; accompagnement de piano. Captation : Grèce, studio E de la radio nationale grecque, 1er mars 2012 (hommage au compositeur Ilías Andriópoulos).

Πάγωνε στους δρόμους ο αγέρας
σαν χαρταετός μοιάζει η ψυχή
κι έχεις τα δυο μάτια βουρκωμένα
σαν προάστια μέσα στην βροχή

Νύχτωσε νωρίς στην οικουμένη
ψάχνω, σε φωνάζω, δε μ’ ακούς
βλέπω τα ηφαίστεια στους δρόμους
με φωτιές να καίν’ τους ζωντανούς

Φεύγω πικραμένη και σ’ αφήνω
ακυβέρνητη στη θάλασσα σανίδα
δεν μπορώ το αίμα μου να δίνω
σε μιαν άρρωστη συνέχεια πατρίδα

Μιχάλης Μπουρμπούλης [Michális Bourboulis]. Ο αγέρας στους δρόμους [O agéras stous drómous] (1980). Source : www.stixoi.info

…………

Le vent s’est figé dans les rues
l’âme ressemble à un cerf-volant
tes yeux sont gonflés
comme des banlieues dans la pluie

Il a fait nuit tôt sur le monde
je cherche, je t’appelle, tu ne m’écoutes pas
je vois les volcans sur les routes
avec des feux qui brûlent les vivants

Je pars amère et je te laisse,
planche sans repère dans la mer.
Je ne peux donner mon sang
à une patrie toujours malade.
Μιχάλης Μπουρμπούλης [Michális Bourboulis]. Le vent dans les rues (1980). Source (traduction française) : www.stixoi.info


Classé dans:Adorable, Grèce Tagged: Ilías Andriópoulos, Ηλίας Ανδριόπουλος, Μιχάλης Μπουρμπούλης, Νένα Βενετσάνου, Ο αγέρας στους δρόμους, Michális Bourboúlis, Néna Venetsánou, O agéras stous drómous

M’a mise dans une pierre

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Aurora s’adressa à mon oncle :
– Pardonnez-moi, signorìa, dit-elle en le regardant à peine, toute pensive. Autrefois j’étais une dame, nous avions des terres et des maisons. Mon fiancé était noble. Il avait les yeux bleus et le visage blanc. Puis Dieu est venu et m’a mise dans une pierre. Mais demain je me réveille.
Anna Maria Ortese (1914-1998). Aurora Guerrera. Traduit de Aurora Guerrera (1956) par Marguerite Pozzoli.
Dans : Aurora Guerrera et autres nouvelles, Actes Sud, impr. 2008. ISBN 978-2-7427-7438-8. Page 207.

Aurora si rivolse a mio zio: « Signorìa mi perdona » disse guardandolo appena, tutta assorta. « Una volta ero una signora, avevamo terre e case. Il mio fidanzato era nobile. Aveva gli occhi celesti e la faccia bianca. Poi venne Dio e mi mise dentro una pietra. Ma domani mi sveglio. »
Anna Maria Ortese (1914-1998). Aurora Guerrera (1956).

Dans : Angelici dolori e altri racconti, a cura di Luca Clerici, Adelphi, 2006. ISBN 88-459-2111-5. Page 390.

Βούλα Ζουμπουλάκη [Voúla Zoumbouláki]. Η πέτρα [I pétra] / Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis], paroles et musique ; Βούλα Ζουμπουλάκη [Voúla Zoumbouláki], chant. Extrait de la musique de scène composée par Mános Hadjidákis pour la pièce Ce soir on improvise (Questa sera si recita a soggetto, 1930) de Luigi Pirandello, dans la production de la compagnie Μυράτ-Ζουμπουλάκη [Myrát-Zoumbouláki] (Athènes, 1962). Titre grec : Απόψε αυτοσχεδιάζουμε [Apópse avtoschediázoume]

Η πέτρα [I pétra] La pierre
Η πέτρα είν’ ο θάνατος
η πέτρα είν’ η ζωή μου,
φυτρώσαν άσπρα γιασεμιά
μες την αναπνοή μου.
La pierre c’est la mort
La pierre c’est ma vie,
Des jasmins blancs
Germent de mon souffle.
Είμ’ ένα δέντρο έρημο
στην πέτρα σπάει η φωνή μου,
δεν μπαίνει αγέρας μήτε φως
πετρώνει το κορμί μου.
Je suis un arbre déserté
Ma voix se brise dans la pierre
Où ne pénètrent ni air ni jour
Et mon corps devient pierre.
Είναι η κραυγή της μάνας μου
είναι η πληγή του κόσμου,
φέρτε κρασί φέρτε φωτιά
να κάψω τον καημό μου.
C’est le cri de ma mère
C’est la blessure du monde
Qu’on me donne du vin, qu’on me donne du feu
Pour brûler ma douleur.
Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] (1925-1994). Η πέτρα [I pétra] (1961).
Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] (1925-1994). La pierre, traduit de : Η πέτρα [I pétra] par L. & L., d’après une traduction automatique de l’original grec.

L. & L.


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Melina Mercouri |Αγάπη που ‘γινες δίκοπο μαχαίρι [Agápi pou ‘gines díkopo mahaíri]

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Pour bien commencer la journée. Une journée grecque.


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Μελίνα Μερκούρη [Melína Merkourī] (Melina Mercouri, 1920-1994) | Αγάπη που ‘γινες δίκοπο μαχαίρι [Agápi pou ‘gines díkopo mahaíri] . Μιχάλης Κακογιάννης [Mikhális Kakoyánnis], paroles ; musique Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] ; Μελίνα Μερκούρη [Melína Merkourī], actrice (Stella).
Extrait du film Στέλλα [Stélla] (Stella, femme libre), réalisé par Μιχάλης Κακογιάννης [Mikhális Kakoyánnis] (Michael Cacoyannis, 1922-2011), sorti en 1955 et présenté au festival de Cannes la même année.

Αγάπη που `γινες δίκοπο μαχαίρι
άλλοτε μου `δινες μόνο τη χαρά
μα τώρα πνίγεις τη χαρά στο δάκρυ
δε βρίσκω άκρη, δε βρίσκω γιατρειά.

Φωτιές ανάβουνε μες στα δυο του μάτια,
τ’ αστέρια πέφτουνε όταν με θωρεί.
Σβήστε τα φώτα, σβήστε το φεγγάρι
σαν θα με πάρει τον πόνο μου μη δει.

Amour devenu lame à double tranchant
autrefois tu ne me donnais que de la joie
mais maintenant tu la noies dans les larmes
je ne trouve pas d’issue ni de guérison.

Ses deux yeux s’enflamment
les étoiles s’éteignent quand il me regarde
éteignez les lumières éteignez la lune
qu’il ne voie pas ma douleur quand il me prendra.

Source : www.stixoi.info


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Φλέρυ Νταντωνάκη [Fléry Dandonáki] |Η πέτρα [I pétra]

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Pour bien commencer la journée.

Une journée délicieusement désespérée, dans la délectation de la singulière et poignante voix grecque de Fléry Dandonáki.

Φλέρυ Νταντωνάκη [Fléry Dandonáki] (1937-1998). Η πέτρα [I pétra] / Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis], paroles et musique ; Φλέρυ Νταντωνάκη [Fléry Dandonáki], chant. Extrait de la musique de scène composée par Mános Hadjidákis pour la pièce Ce soir on improvise (Questa sera si recita a soggetto, 1930) de Luigi Pirandello, dans la production de la compagnie Μυράτ-Ζουμπουλάκη [Myrát-Zoumbouláki] (Athènes, 1962). Titre grec : Απόψε αυτοσχεδιάζουμε [Apópse avtoschediázoume]

Η πέτρα [I pétra] La pierre
Η πέτρα είν’ ο θάνατος
η πέτρα η ζωή μου
φυτρώσαν άσπρα γιασεμιά
μες στην αναπνοή μου.
La pierre c’est la mort
La pierre c’est ma vie
Du jasmin blanc
Germe de mon souffle.
Είμ’ ένα δέντρο έρημο
στην πέτρα σπάει η φωνή μου,
δεν μπαίνει αγέρας μήτε φως
στεγνώνει το κορμί μου.
Je suis un arbre déserté
Ma voix se brise dans la pierre
Où ne pénètrent ni air ni jour
Et mon corps se dessèche.
Η πίκρα αυτή της μάνας μου
είν’ η πηγή του κόσμου,
φέρτε κρασί φέρτε φωτιά
να κάψω τον καημό μου.
C’est le cri de ma mère
C’est la blessure du monde
Qu’on me donne du vin, qu’on me donne du feu
Pour brûler ma douleur.
Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] (1925-1994). Η πέτρα [I pétra] (1961).
Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hadjidákis] (1925-1994). La pierre, traduit de : Η πέτρα [I pétra] par L. & L., d’après une traduction automatique de l’original grec.

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Τζένη Καρέζη (Jenny Karézi) |Μην τον ρωτάς τον ουρανό [Min ton rotás ton ouranó]

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En l’honneur de la Grèce.

Τζένη Καρέζη [Tzéni Karézi (Jenny Karézi, 1932-1992). Μην τον ρωτάς τον ουρανό [Min ton rotás ton ouranó] / Γιάννης Ιωαννίδης [Giánnis Ioannídis], paroles ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hatzidákis], musique ; Τζένη Καρέζη [Tzéni Karézi (Jenny Karézi)], actrice.
Extrait du film Το νησί των γενναίων [To nisí ton gennaíon] (L’île des braves), réalisé par Ντίμης (Δημήτρης) Δαδήρας [Ntímis (Dimítris) Dadíras] (1924-1982), sorti en 1959.

Λόγο στο λόγο και ξεχαστήκαμε
μας πήρε ο πόνος και νυχτωθήκαμε
σβήσε το δάκρυ με το μαντίλι σου
να πιω τον ήλιο μέσα απ’ τα χείλη σου

À force de parler nous n’avons pas vu le temps passer
En proie à la douleur nous avons laissé la nuit nous surprendre
Prends ton mouchoir et sèche tes larmes,
Que je puisse enfin boire le soleil à tes lèvres.

Μην τον ρωτάς τον ουρανό
το σύννεφο και το φεγγάρι
το βλέμμα σου το σκοτεινό
κάτι απ’ τη νύχτα έχει πάρει

N’interroge pas le ciel,
Le nuage, la lune.
Ton regard sombre
A dérobé quelque chose à la nuit.

Ό,τι μας βρήκε κι ό,τι μας λύπησε
σαν το μαχαίρι κρυφά μας χτύπησε
σβήσε το δάκρυ με το μαντίλι σου
να πιω τον ήλιο μέσα απ’ τα χείλη σου

Ce qui nous est arrivé, et nous a rendus tristes
Nous a frappés comme un couteau dans le dos
Prends ton mouchoir et sèche tes larmes,
Que je puisse enfin boire le soleil à tes lèvres.

Γιάννης Ιωαννίδης [Giánnis Ioannídis]. Μην τον ρωτάς τον ουρανό [Min ton rotás ton ouranó] (1959?). Source : www.stixoi.info
Γιάννης Ιωαννίδης [Giánnis Ioannídis]. N’interroge pas le ciel, traduit de Μην τον ρωτάς τον ουρανό [Min ton rotás ton ouranó] (1959?) par L. & L., à partir de la traduction anglaise de : www.stixoi.info


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Ναι ή όχι?

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Diront-ils ναι (oui) ou όχι (non) dimanche ?

Imam Baildi | Δε θέλω πια να ξαναρθείς [De thélō pia na xanartheís]. Μανώλης Χιώτης [Manṓlīs Chiṓtīs], paroles et musique ; Imam Baildi, groupe instrumental et vocal ; basé sur l’enregistrement original de Μαίρη Λίντα [Maírī Línta] (1961). Bande son extraite de l’album Imam Baildi (Grèce, EMI, 2008).

Le refrain de cette chanson dit ceci : Je ne veux plus que tu reviennes. Je ne veux plus t’aimer, j’essaie de t’oublier.

Δε θέλω πια να ξαναρθείς
δε θέλω πια μες την καρδιά φωτιά
δε θέλω πια να σ’ αγαπώ
να σε ξεχάσω προσπαθώ
Μανώλης Χιώτης [Manṓlīs Chiṓtīs]. Δε θέλω πια να ξαναρθείς [De thélō pia na xanatheís] (1961, extrait). Source : www.stixoi.info.

La voix qu’on entend dans l’enregistrement du groupe Imam Baildi (ce soir au festival Au foin de la rue à Saint-Denis de Gastines, Mayenne) est celle de la version originale de Μαίρη Λίντα [Maírī Línta] (généralement transcrit Mary Linda), parue en 1961, que voici :


Μαίρη Λίντα [Maírī Línta] | Δε θέλω πια να ξαναρθείς [De thélō pia na xanartheís]. Μανώλης Χιώτης [Manṓlīs Chiṓtīs], paroles et musique ; Μαίρη Λίντα [Maírī Línta], chant ; accompagnement orchestral. 1961.

Vive la Grèce !


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Ιωάννα Φόρτη [Iōánna Fórtī] |Ξέρουμε [Xéroume] (Yannis Ritsos)

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Ιωάννα Φόρτη [Iōánna Fórtī] | Ξέρουμε [Xéroume]. Poème de Γιάννης Ρίτσος [Giánnis Rítsos] ; Χρήστος Λεοντής [Chrī́stos Leontī́s], musique ; Ιωάννα Φόρτη [Iōánna Fórtī], chant ; Ορχήστρα « Χρήστος Λεοντής » [Orchestre « Chrī́stos Leontī́s »] ; Χρήστος Λεοντής [Chrī́stos Leontī́s], dir. Captation : Maison de la radio, Agia Paraskevi (Grèce), 11 juin 2015, à l’occasion de la réouverture de l’ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi), Radio Télévision hellénique.

Il s’agit d’un concert donné le 6 juin dernier à Agia Paraskevi dans la banlieue d’Athènes, dans l’enceinte de la Maison de la radio, à l’occasion de la remise en route de l’ERT (Radio Télévision hellénique) dont les émissions avaient été interrompues, on s’en souvient, le soir même de la décision prise le 11 juin 2013 par le gouvernement conservateur de fermer la télévision publique.

Ξέρουμε [Xéroume] (« Nous savons ») est un poème de Yannis Ritsos mis en musique en 1975 par Christos Leontis, qui est encore là, à la tête d’un orchestre qui porte son nom.

Ξέρουμε πως ο ίσκιος [μας] θα μείνει πάνω στα κοράφια
Πάνω στην πλίνθινη μάντρα του φτωχόσπιτου
Πάνω στους τείχους των μεγάλων σπιτιών που θα κτίζονται [αύριο]
Πάνω στην ποδιά της μητήρας που καθαρίζει φρέσκα φασολάκια
Στη δροσερή αυλόπορτα. Το ξέρουμε.

Ευλογημένη ας είναι η πικρά μας
Ευλογημένη η αδελφοσύνη μας.
Ευλογημένος ο κόσμος που γεννιέται.
Entre crochets : mots absents du poème original.
Γιάννης Ρίτσος [Giánnis Rítsos] (Yánnis Rítsos, 1909-1990). Ξέρουμε [Xéroume], extrait de Καπνισμένο Τσουκάλι [Kapnisméno Tsoukáli] (1975). Source : Canzoni contro la guerra.

Nous savons que l’ombre* restera sur les champs,
Sur la cour de brique de l’humble masure,
Sur les murs des grandes maisons que nous bâtirons [demain],
Sur le tablier de la mère équeutant les haricots verts
dans la fraîche embrasure de la porte. Nous le savons.

Bénie soit notre amertume
Bénie soit notre fraternité
Béni le monde qui est en train de naître.
* Chanté : « notre ombre ».
Γιάννης Ρίτσος [Giánnis Rítsos] (Yánnis Rítsos, 1909-1990). Nous savons, traduit de Ξέρουμε [Xéroume], extrait de Καπνισμένο Τσουκάλι [Kapnisméno Tsoukáli] (1975), par L. & L., à partir d’une traduction automatique et de la traduction italienne établie par Gian Piero Testa. Source : Canzoni contro la guerra

La chanson fait partie d’un ensemble de compositions de Leontis sur des poèmes de Ritsos qui ont donné lieu à un album, auquel plusieurs interprètes ont participé, publié en 1975. Voici l’original de Xéroume, interprété par Tánia Tsanaklídou avec la voix parlée de Ritsos lui-même. L’enregistrement est d’une grande force — la dernière strophe donne la chair de poule.

Τάνια Τσανακλίδου [Tánia Tsanaklídou] | Ξέρουμε [Xéroume]. Poème de Γιάννης Ρίτσος [Giánnis Rítsos] ; Χρήστος Λεοντής [Chrī́stos Leontī́s], musique ; ΙΤάνια Τσανακλίδου [Tánia Tsanaklídou], chant ; Γιάννης Ρίτσος [Giánnis Rítsos], récitant ; orchestre sous la direction de Χρήστος Λεοντής [Chrī́stos Leontī́s]. Bande son extraite de l’album Καπνισμένο Τσουκάλι [Kapnisméno Tsoukáli] (Grèce, EMI, 1975).


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Κωνσταντίνος Π. Καβάφης [Kōnstantínos P. Kaváfīs] |Μακρυά [Makryá]

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Je voudrais raconter ce souvenir…
Mais le voici effacé désormais… il n’en reste presque rien —
car il gît loin, très loin dans ma prime jeunesse.

La peau comme du jasmin…
Cette soirée d’août — était-ce en août ? — une soirée…
C’est à peine si je me rappelle les yeux ; ils étaient bleus, je crois…
Ah oui, bleus ; d’un bleu de saphir.

Kaváfīs, Kōnstantínos P. (1863-1933). Loin, traduit par Dominique Grandmont de Μακρυά [Makryá] (1914). Dans : Constantin Cavafis. En attendant les barbares et autres poèmes. Préface, traduction et notes de Dominique Grandmont, Gallimard, 2003 (Du monde entier). ISBN 978-2-07-030305-2. Page 97.

Παντελής Θεοχαρίδης [Pantelī́s Theοcharídīs] | Μακρυά [Makryá]. Κωνσταντίνος Π. Καβάφης [Kōnstantínos P. Kaváfīs], poème ; Μιχάλης Τρανουδάκης [Michálīs Tranoudákīs], musique ; Παντελής Θεοχαρίδης [Pantelī́s Theοcharídīs], chant.
Extrait de l’album Ποιήματα του Κ. Π. Καβάφη [[Poiī́mata tou K. P. Kaváfī]. Grèce, Οδός Πανός [Odós Panós], 2009. Réf. commerciale : Pro2009-3.

Θάθελα αυτήν την μνήμη να την πω…
Μα έτσι εσβύσθη πια… σαν τίποτε δεν απομένει —
γιατί μακρυά, στα πρώτα εφηβικά μου χρόνια κείται.

Δέρμα σαν καμωμένο από ιασεμί…
Εκείνη του Aυγούστου — Aύγουστος ήταν; — η βραδυά…
Μόλις θυμούμαι πια τα μάτια· ήσαν, θαρρώ, μαβιά…
A ναι, μαβιά· ένα σαπφείρινο μαβί.

Κωνσταντίνος Π. Καβάφης [Kōnstantínos P. Kaváfīs] (1863-1933). Μακρυά [Makryá] (1914)

Autre interprétation du même poème. Autre musique, autres interprètes :

Ελευθερία Αρβανιτάκη [Eleuthería Arvanitákī (Eleftheria Arvanitaki) | Μακρυά [Makryá]. Κωνσταντίνος Π. Καβάφης [Kōnstantínos P. Kaváfīs], poème ; Δημήτρης Παπαδημητρίου [Dīmítrīs Papadīmītríou], musique ; Ελευθερία Αρβανιτάκη [Eleuthería Arvanitákī], chant ; Ορχήστρα των Χρωμάτων [Orchī́stra tōn Chrōmátōn] (Orchestre des Couleurs) ; Μίλτος Λογιάδης [Mίltos Logiádīs], direction.
Extrait de l’album : « …που γι’ Αλεξανδρινό γράφει Αλεξανδρινός » [« …pou gi’ Alexandrinó gráfei Alexandrinós »] / Δημήτρης Παπαδημητρίου [Dīmī́trīs Papadīmītríou], Κ.Π. Καβάφης [K.P. Kaváfīs], Grèce : Universal, 2007. EAN 5200110900015.


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Casser la vaisselle : Θα σπάσω Κούπες

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Μαρίνα Σάττι [Marína Sátti] | Κούπες [Koúpes] (Θα σπάσω Κούπες) [Tha spásō koúpes]. Paroles et musique traditionnelles.
Μαρίνα Σάττι [Marína Sátti], chant, arrangements ; Αλέξανδρος Φραγκούλατζης [Aléxandros Fragkoúlatzīs], xylophone ; Στέλιος Φραγκούς [Stélios Fragkoús], basse ; Χάρης Παρασκευάς [Chárīs Paraskevás], batterie ; Δάφνη Δαυίδ [Dáfnī Davíd], Ευαγγελία Καρακατσάνη [Evaggelía Karakatsánī], Οδυσσέας Ιωάννου Κωνσταντίνου [Odysséas Iōannou Kōnstantínou], Θάνος Λέκκας [Thános Lékkas], Άρης Πλασκασοβίτης [Árīs Plaskasovítīs], Βιργινία Φραγκούλατζη [Virginía Fragkoúlatzī], chœurs.
Enregistrement et mixage : Μάριος Λαζ Ιωαννίδης [Mários Laz Iōannídīs] au MusicRoom Studio (Grèce). Enregistrement publié en 2016.
Vidéo : Ευτυχία Ιωσηφίδου [Evtychía Iōsīfídou], réalisation. Grèce, 2016.

C’est une très ancienne chanson, née en Asie mineure, sur des rivages de la mer Égée aujourd’hui turcs, autrefois grecs. Son premier enregistrement connu date de 1907.

C’est une chanson d’amour et de dépit. Une histoire qui pourrait connaître une issue atroce — du moins pour ce qui est de la vaisselle. Les paroles varient un peu selon les versions. Dans certaines, après les tasses et les verres, il est question de briser aussi les assiettes. Le distique introduit par « Aman, aman » est parfois entièrement chanté en turc : « aman aman yanıyorum ben, aman aman seviyorum sen » (Ah je brûle, Ah je t’aime).

Εχθες το βράδυ σ’ είδα στ’ όνειρό μου
πως είχες τα μαλλάκια σου ριγμένα στο λαιμό μου

 

Cette nuit j’ai rêvé
Que tu avais jeté ta chevelure autour de mon cou
Αμάν άμαν, πια μικρό μην κλαις
Αμάν άμαν, και έχεις ό, τι θες

 

Aman aman, arrête de pleurer petite
Aman aman, tu as ce que tu veux
Έλα μικρό μου να σε φιλήσω
και μην φοβάσαι πως θα το μαρτυρήσω

 

Viens petite, que je t’embrasse
Et n’aie pas peur que j’aille le raconter
Θα σπάσω κούπες για τα λόγια που `πες
και ποτηράκια για τα πικρά λογάκια

 

Tes paroles me donnent envie de casser les tasses
Tes mots amers de casser les verres
Traditionnel grec (Ionie). Θα σπάσω Κούπες [Tha spásō koúpes].
Traditionnel grec (Ionie).
Je vais casser les tasses
, traduction approximative de : Θα σπάσω Κούπες [Tha spásō koúpes] par L. & L. à partir de la traduction allemande publiée sur le site stixoi.info.

 

En voici un enregistrement parmi les plus anciens connus, réalisé semble-t-il à New York où la chanteuse avait émigré au début des années 1910 :

Μαρίκα Παπαγκίκα [Maríka Papagkíka] (1890-1943) | Θα σπάσω Κούπες [Tha spásō koúpes]. Paroles et musique traditionnelles.
Μαρίκα Παπαγκίκα [Maríka Papagkíka], chant ; ensemble de violoncelles sous la direction de Μ. Σιφνιός [M. Sifniós] ; Κ. Παπαγκίκας [K. Papagkíkas], cymbalum ; violon. Enregistrement publié en 1923.

Et un dernier, très récent celui-ci, mais réalisé dans un style traditionnel :

Άντζελα Ορφανού [Ántzela Orfanoú] | Θα σπάσω Κούπες [Tha spásō koúpes]. Paroles et musique traditionnelles.
Άντζελα Ορφανού [Ántzela Orfanoú], chant ; accompagnement instrumental.
Vidéo : Extrait d’un numéro de la série Ονείρου Ελλάς [Oneíron Ellás], Κώστα Φέρρη [Kṓsta Férrī], réalisation, Θέσια Παναγιώτου [Thésia Panagiṓtou], diresction musicale. Grèce, prod. ERT (Radio Télévision hellénique), 2015.

 


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Στο Σείριο υπάρχουνε παιδιά | Georges Dalaras, Mános Hadjidákis

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Cometa

En Sirio,
hay niños.
Federico García Lorca (1898-1936). Dans : Noche, suite para piano y voz emocionada (1921).

Comète

Sur Sirius,
Il y a des enfants.

Γιώργος Νταλάρας [Giṓrgos Ntaláras (Georges Dalaras)]. Στο Σείριο υπάρχουνε παιδιά [Sto Seírio ypárchoune paidiá] . Νίκος Γκάτσος [Níkos Gkátsos (Níkos Gátsos)], paroles ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Hatzidákis (Mános Hadjidákis)], musique.
Γιώργος Νταλάρας [Giṓrgos Ntaláras (Georges Dalaras)], chant ; Νίκος Κυπουργός [Níkos Kypourgós], dir. Extrait du spectacle Στον Σείριο υπάρχουνε παιδιά [Ston Seírio ypárchoune paidiá], enregistrements publics réalisés au Μουσικό Κέντρο Αθηνών (Centre de musique d’Athènes) du 27 octobre 1987 au 3 février 1988.
Extrait de l’album Στον Σείριο υπάρχουνε παιδιά [Ston Seírio ypárchoune paidiá]. Grèce, 1988.

Στο Σείριο υπάρχουνε παιδιά
ποτέ δε βάλαν έγνοια στην καρδιά
δεν είδανε πολέμους και θανάτους
και πάνω απ’ τη γαλάζια τους ποδιά
φοράν τις Κυριακές τα γιορτινά τους.

 

Sur Sirius il y a des enfants
Jamais encore leur cœur n’a connu l’inquiétude
Ils n’ont vu ni guerre ni morts
Et par-dessus leurs sarraus bleus
Ils portent le dimanche l’habit de fête.
Τις νύχτες που κοιτάν τον ουρανό
ένα άστρο σαν φτερό θαλασσινό
παράξενα παιδεύει το μυαλό τους
τους φαίνεται καράβι μακρινό
και πάνε και ρωτάν το δάσκαλό τους.

 

Quand ils regardent le ciel de la nuit
Une étoile semblable à une plume de mer
Leur obsède étrangement l’esprit
Elle leur apparaît comme un lointain navire
Et ils s’en vont interroger leur maître.
Αυτή τους λέει παιδιά μου είναι η γη
του σύμπαντος αρρώστια και πληγή
εκεί τραγούδια λένε γράφουν στίχους
κι ακούραστοι του ονείρου κυνηγοί
κεντάνε με συνθήματα τους τοίχους.

 

Enfants, répond le maître, ce navire est la Terre,
Maladie et plaie de l’univers.
On y chante des chants, on y écrit des vers
Et d’inlassables chasseurs de rêves
Y dessinent des slogans sur les murs.
Στο Σείριο δακρύσαν τα παιδιά
και βάλαν από κείνη τη βραδιά
μιαν έγνοια στη μικρούλα τους καρδιά.
Les enfants de Sirius pleurèrent
Et après cette nuit ils sentirent un peu
D’inquiétude dans leur petit cœur.
Νίκος Γκάτσος [Níkos Gátsos] (1911-1992).
Στο Σείριο υπάρχουνε παιδιά.
Νίκος Γκάτσος [Níkos Gátsos] (1911-1992).
Sur Sirius il y a des enfants
, traduit de Στο Σείριο υπάρχουνε παιδιάpar L. & L., en s’appuyant sur la traduction italienne de Gian Piero Testa

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